Alimentation du nouveau-né : allaitement maternel ou artificiel

L’alimentation du nouveau-né est une question fondamentale pour les parents. Allaitement maternel ou artificiel ? Quand sait-on que bébé a faim et à quelle fréquence doit-on lui donner à manger ? Nous vous donnons les clés pour comprendre.

 

L'allaitement, un choix personnel

L’Organisation Mondiale de la Santé recommande six mois d’allaitement maternel exclusif, et la poursuite de l’allaitement jusqu’aux deux ans de l’enfant. Pour autant, des experts indépendants estiment que le caractère exclusif de l’allaitement excluant usage de tétines et autres apports peut être remis en cause.

Les bienfaits de l’allaitement sont donc admis, en revanche vous entendrez peut-être des avis divergents. En effet, les conseils donnés peuvent évoluer d’un jour à l’autre, et d’une personne à l’autre. Ne vous laissez pas déstabiliser, vous finirez par vous faire votre propre opinion.

Ce qu’il faut garder en tête, c’est que l’allaitement du nouveau-né est une question personnelle. Ni votre compagnon, ni vos parents, ni même le personnel soignant ne doivent vous contraindre à opter pour l’une ou l’autre des solutions. Vous pouvez être conseillée afin de prendre une décision éclairée, mais en aucun cas vous forcer pour satisfaire autrui. D’expérience, un allaitement maternel sous la contrainte trouve difficilement le succès.

Allaitement, mode d'emploi

Bien que les nouveaux-nés aient un réflexe de succion, ils rencontrent parfois des difficultés en début d’allaitement maternel. Ils n’arrivent pas toujours à attraper le mamelon, pleurant même lorsqu’ils l’ont dans la bouche, ou n’ouvrent pas assez la bouche. Ils lâchent parfois le mamelon et s’énervent… La position d’allaitement est très importante, nous y revenons en fin d’article. Le premier jour, vous avez du collostrum. C’est un lait très riche mais peu abondant qui couvre les besoins de bébé le temps que la montée de lait se fasse. C’est la succion de bébé qui stimule la montée de lait qui a lieu vers le troisième jour. Le lait devient alors blanc, les seins tendus et parfois douloureux. Il faut donc éviter de donner des compléments et de faire un allaitement mixte dès le début au risque que la montée de lait ne se fasse pas efficacement par manque de stimulation. Au fil des jours, votre bébé risque de préférer le biberon à votre sein, et l’allaitement peut tourner court. Tout dépend donc de votre objectif ! Les 10-15 premiers jours peuvent donc être laborieux, fatiguants ou douloureux, mais une fois que l’allaitement s’installe correctement les douleurs disparaissent et les difficultés disparaissent.

Quand faire la première tétée ?

La première tétée se fait généralement dès la salle de travail, dans les deux heures qui suivent l’accouchement. Il est d’usage que la nouvelle maman appelle à la rescousse une auxiliaire pour lui montrer comment mettre le nouveau-né au sein. Pourtant, savez-vous que si vous laissez votre bébé contre votre poitrine, il y a des chances pour qu’il glisse de lui-même jusqu’à votre sein ? Faites-vous donc confiance, et laissez faire les choses. Rien ne vous empêche d’essayer avant d’appeler à l’aide.

Comment savoir si bébé a faim ?

On reconnait un bébé qui a faim à sa manière de hocher de la tête tout en ouvrant la bouche, à la recherche de son repas. Les pleurs peuvent également être l’expression de la faim.

A quelle fréquence mange un bébé ?

Un nouveau-né s’alimente environ toutes les deux heures trente à trois heures. Cependant, chaque bébé a son cycle, et ce rythme peut évoluer d’un jour à l’autre. Concernant l’allaitement maternel, on vous recommande généralement de donner le sein à la demande. Cependant, on constate que cette indication pousse certaines mères à donner le sein dès que le bébé souhaite téter. Or, les bébés possèdent un besoin de succion qui les rassure et que l’on dissocie du besoin alimentaire. Donner le sein dès que le bébé manifeste ce besoin de succion peut donc être fatiguant pour des mamans qui vont se décourager plus rapidement. Mieux vaut privilégier les tétées alimentaires. Sachez toutefois qu’il faut régulièrement mettre votre bébé au sein pour stimuler la montée de lait, en particulier dans les premières heures et les premiers jours.

Combien de temps dure une tétée ?

En dessous de 5 minutes, difficile de penser qu’une tétée puisse être efficace. En général, une tétée dure entre 15 et 30 minutes, avec parfois une pause au milieu. Un bébé est un adulte en modèle réduit. Et un adulte fait une pause entre son plat et son dessert, alors admettez que votre bébé s’accorde une pause.

Comment préparer un biberon ?

Les biberons distribués en maternité sont tout prêts. En revanche, à domicile, il vous faudra préparer vous-mêmes votre biberon. Comptez une dose rase de lait pour 30ml d’eau. Il faut donc augmenter les doses de 30ml en 30ml peu importe la dose que boit votre bébé. Par exemple, s’il boit des biberons de 70ml, il vous faudra préparer des biberons de 90ml. Si votre bébé termine chaque biberon et qu’il semble chercher encore, ajoutez une dose et voyez s’il prend plus. C’est ainsi que vous augmenterez progressivement les doses. Notez également que les biberons de la maternité sont donnés à température ambiante. Sauf exception, inutile donc de chauffer le lait artificiel. Dans le cas contraire, ne le chauffez jamais au micro-ondes et testez toujours le lait sur votre avant-bras.

Quelle quantité donner en cas d’allaitement artificiel ?

Certaines personnes vous conseilleront de quantifier les biberons, c’est-à-dire de ne pas dépasser une certaine quantité de lait par jour. L’idée que des apports trop importants favorisent les coliques et les régurgitations en est le fondement. Notre position n’est pas le rationnement des apports puisque le nouveau-né boit ce dont il a besoin. S’il régurgite régulièrement et massivement, vous pourrez envisager de limiter les apports même s’il faut en priorité s’assurer qu’ils ne s’agisse pas d’une pathologie sous-jacente (reflux, intolérance aux protéines de lait de vache…). Cependant, un bébé qui ne régurgite pas doit pouvoir boire la quantité qu’il souhaite. D’ailleurs, impossible de quantifier et de limiter les apports au sein !

Complications de l'allaitement

Les crevasses

C’est la complication la plus fréquemment rencontrée. Il s’agit d’une irritation du mamelon pouvant former des croûtes et aller jusqu’au saignement. D’ailleurs, lorsqu’un bébé au sein régurgite du sang, pas d’inquiétude ! Il s’agit généralement du sang lié aux crevasses. Une mauvaise position d’allaitement est à l’origine des crevasses. Pour les éviter, il faut placer le ventre de votre nouveau-né contre votre ventre afin qu’il soit en face du sein, et sa tête le plus en face du sein possible. L’apparition de crevasses ne justifie pas l’arrêt de l’allaitement et des crèmes spécifiques sont vendues en pharmacie. L’application de votre propre lait en cataplasme sur le mamelon est naturel et plus efficace. En l’espace de quelques jours, elles disparaissent et ne réapparaissent plus ensuite (un peu comme les ampoules lorsque l’on achète des nouvelles chaussures !). Si la poursuite de l’allaitement est trop douloureuse, pensez à utiliser des bouts de seins en silicone au lieu d’abandonner totalement, ils peuvent atténuer temporairement le désagrément. Les bouts de seins peuvent être utilisés temporairement puis enlevés.

L’engorgement

La montée de lait se fait généralement au troisième jour. Auparavant, vous produisez ce que l’on appelle le collostrum. C’est un lait jaune, peu abondant mais très riche pour apporter les nutriments nécessaires à la croissance du nouveau-né. Les femmes pensent alors généralement qu’elles n’ont pas ou pas suffisamment de lait. C’est la plupart du temps inexact. Au troisième jour s’effectue donc la montée de lait. La nuit de la montée de lait, votre bébé peut être agité, avec l’envie constante de prendre le sein. C’est normal ! La complication qui peut survenir par la suite est l’engorgement. Afin d’éviter l’engorgement, n’hésitez pas à masser votre sein afin de drainer le lait vers le mamelon. Vous pouvez également appliquer des gants de toilette chauds sur vos seins puis les masser pendant plusieurs minutes sous l’eau chaude. Vous verrez alors le lait s’écouler. Si l’engorgement persiste, il peut évoluer vers d’autres complications plus rares comme la lymphangite ou l’abcès, vous devez alors contacter votre sage-femme ou gynécologue.

L’absence de prise de poids

C’est la prise de poids de votre nouveau-né qui témoigne de l’efficacité de son alimentation. Dans les trois premiers jours, le nouveau-né perd du poids, c’est physiologique ! La vigilance est renforcée s’il perd plus de 10% de son poids. Une évolution du poids conforme aux standards signifie que votre bébé reçoit les apports dont il a besoin. Des compléments de lait artificiel peuvent être introduits si la prise de poids est insuffisante.

 

Tabac, alcool, alimentation et allaitement

Tabac et allaitement

Le tabac ne constitue pas une contre-indication à l’allaitement. En effet, les bienfaits de l’allaitement maternel sont supérieurs aux méfaits du tabagisme. Fumer ne doit donc pas vous empêcher d’allaiter si vous le souhaitez. Il faut simplement essayer de fumer juste après la tétée.

Alcool et allaitement

L’alcool passe dans le lait maternel mais ne modifie pas la composition du lait. Cependant, aucune étude ne rapporte de troubles sérieux chez l’enfant, et les effets possibles de la consommation d’alcool sont une diminution de la quantité de lait excrétée et une somnolence chez l’enfant. Néanmoins, il est préférable d’éviter la consommation d’alcool durant l’allaitement.

En cas de consommation modérée, nous conseillons tout de même d’attendre 2-3 heures pour allaiter après la consommation et plus de douze heures après une consommation plus importante. Vous pouvez tirer votre lait (se conserve 24 heures au réfrigérateur) et donner le lait tiré dans ce laps de temps.

Alimentation et allaitement

Il n’y a pas de régime alimentaire particulier en cours d’allaitement. Comme pour tout individu, il faut une alimentation saine et équilibrée, et des apports hydriques suffisants, c’est-à-dire à votre soif. Peu importe ce que vous mangez, votre lait sera nourrissant dans tous les cas. Evitez juste de boire plus de trois tasses de café par jour pour éviter une éventuelle hyperexcitabilité transitoire chez le nouveau-né.

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